Camozzi muscle sa production en Italie
Le groupe italien Camozzi a fondé sa réussite sur une offre couvrant cinq domaines : automation, machines-outils, digital, production et machines textiles. Fort de plus de 3 000 salariés et de 534 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, il investit dans son outil de production en Italie, à Brescia. Le nouveau site dédié aux raccords, à Villa Carcina, totalise 15 000 m² supplémentaires pour un investissement supérieur à 20 M €.
Le groupe Camozzi a organisé son activité autour de cinq divisions : automation, machines-outils, digital, production et machines textiles. Il se concentre particulièrement sur les matériaux innovants utilisés dans la fabrication additive (notamment les composites, le titane et l’aluminium).
L’environnement est également au cœur du projet entrepreneurial. Notre précédent numéro évoquait en particulier la production de raccords en composites, sur une base de polyamide biosourcé chargé en fibre de verre (lire notre dossier : Des solutions pour optimiser la production, Fluides et Transmissions n°225, novembre 2023). Au sein de Technopolymers, le pôle plasturgie du groupe, 24 presses d’injection transforment ce polyamide : « l’intégration verticale est dans l’ADN du groupe » souligne Pascal Gutton, directeur de la filiale française. « Nous produisons nos moules d’injection et tous nos outillages. Un nouveau moule est prêt en 5 semaines, ce qui nous confère une réactivité très forte », ajoute Yann Hautière, responsable du développement commercial pour les raccords. Les presses fonctionnent à 30 % pour le groupe, le reste de leur activité satisfait la demande régionale.
Camozzi entend maîtriser sa production industrielle… et respecter ses fournisseurs : « un fournisseur, c’est avant tout un partenaire, indique Yann Hautière. C’est ce qui nous a permis de passer l’épreuve difficile de la crise de 2020 sans encombre, grâce à nos bonnes relations. »
Camozzi propose ses raccords en matériaux composite pour de basses pressions, mais peut pourvoir aux besoins de lubrification, en moyennes et hautes pressions, de 150 à 250 bars : « nous proposons pour cela la technologie de raccords instantanés à pince, sans outillage » précise Yann Hautière.
Plan de croissance ambitieux
Au sein du site de production de Villa Carcina, les raccords se répartissent par marché : transport, automation et traitement de l’air. L’assemblage des raccords est automatisé. L’étanchéité de chaque unité est contrôlée, puis testée. De nombreux emplacements sont déjà prévus pour accueillir de nouvelles machines et répondre à la forte demande.
Pour faire de la place, le stock actuel de composants quittera prochainement les lieux pour un autre bâtiment. Le groupe assemble plus de 100 millions de raccords par an, et table sur une croissance de 50 % à horizon 5 ans. Les nouveaux matériaux, en particulier, ont le vent en poupe.
« Notre plan de croissance est ambitieux. Pour y parvenir, le groupe a recruté des équipes. L’objectif est également de répliquer ces centres d’assemblage sur d’autres marchés, comme le marché américain ou asiatique, pour être au plus près des besoins de nos clients » relate Yann Hautière.
Pour autant, Camozzi entend continuer à fournir ses clients en raccords en laiton : « certains de nos utilisateurs préfèrent le laiton, comme d’autres aiment le composite ou le biosourcé. Nous n’allons pas contre les souhaits de chacun.
Des réalisations hors normes
Camozzi Group a à son actif plusieurs réalisations exceptionnelles. Avec l’Institut Italien de Technologie (IIT), le groupe a conçu et construit quatre robots uniques pour assurer la sécurité du nouveau pont de Gênes – Ponte San Giorgio. Deux robots d’inspection scannent le pont pour détecter d’éventuelles anomalies et problèmes, tandis que deux robots de lavage nettoient les murs de protection contre le vent et les panneaux solaires. Autre réalisation : le télescope géant de Magellan. Ingersoll et l’organisation du GMT travaillent en partenariat pour fabriquer le mécanisme de précision en acier de 1 300 tonnes qui soutiendra l’appareil optique et les miroirs du GMT, le plus grand télescope de nouvelle génération actuellement en construction au Chili. Le GMT sera achevé en 2029 et sera le télescope le plus puissant de la planète. Il étudiera la présence de nouvelles planètes habitables ainsi que la nature de la matière noire et de l’énergie noire.
Les nouvelles gammes s’ajoutent à celles existantes, et ne les remplacent pas » indique le responsable commercial. Dans un cas comme dans l’autre, Camozzi offre aussi la possibilité de personnaliser les produits aux couleurs du client. Dans l’organisation de sa production, le groupe poursuit son projet d’automatisation : des chariots filoguidés viendront prochainement alimenter les machines en composants et récupérer les produits assemblés pour les emmener vers le centre de stockage, dernière étape avant le centre de distribution de Palazzolo sull’Oglio, dans la province de Brescia, à 15 km de là. « En supprimant le chargement manuel, l’objectif est que chaque salarié retrouve le maximum de valeur ajoutée » indique Yann Hautière.
Côté bureau d’études, Camozzi aborde ses marchés très en amont, avec une visibilité de 3 à 5 ans : « nous étudions les demandes et y répondons selon les contraintes de matières ou de normes. Nous sommes très présents dans le transport mais aussi dans le médical et dans le transfert des liquides » note Yann Hautière.
Orienté industrie du futur
À l’orée de ses 50 ans, le groupe Camozzi s’est fortement impliqué dans les solutions 4.0, sous l’impulsion de Lodovico Camozzi (président et directeur général), soutenu par son oncle Luigi (président honoraire) et par les membres de la famille.
L’histoire du groupe remonte à 1964. À cette époque, Attilio Camozzi quitte son emploi de tourneur et se lance, avec ses frères Luigi et Geromino, dans l’aventure entrepreneuriale. Le groupe Camozzi est né, et grandira au gré de rachats successifs. En 1999-2000, en particulier, la société entre dans une importante phase d’expansion qui aboutit à l’acquisition d’Innse-Berardi, qui opère dans le secteur des machines-outils, de Marzoli, qui opère dans l’industrie textile, et de PlastiBenaco (désormais appelée Technopolymers), un fabricant de composants en plastique.
Le renforcement des positions à l’étranger est consolidé par l’acquisition de plusieurs entreprises aux États-Unis, en Allemagne et en Chine, et par la création de nombreuses filiales, en Europe et dans le monde.
Parallèlement, le groupe aura à cœur, tout au long de son existence, de réinvestir ses bénéfices dans l’outil de production et dans l’innovation. En témoignent la nouvelle plateforme logistique à Palazzolo Sull’Oglio (Brescia), lancée en 2019. Grâce à cette dernière, Camozzi Automation peut livrer rapidement dans toute l’Europe.
En 2021, l’Innse Milano devient le Camozzi Advanced Manufacturing. Le Camozzi Research Centre, centre névralgique de la R&D du groupe (3 % du chiffre d’affaires dédié à la R&D), est également transféré Via Rubattino pour combiner fabrication additive et robotique.
En 2022, Camozzi a racheté à Timken le site de Villa Carcina pour y produire ses différentes gammes de raccords. Le groupe a une double ambition, à cet égard : rétablir une activité d’ingénierie industrielle importante pour la communauté locale, comparable en taille à celle précédemment exercée par Timken sur le site, et contribuer à résoudre les problèmes sociaux liés à la cessation définitive des activités précédemment exercées sur le site, en garantissant la protection totale du personnel.
Clairement orienté vers les solutions 4.0, le groupe est devenu, peu à peu, leader du marché dans la production de composants et de systèmes innovants pour l’automatisation industrielle. C’est également un acteur principal dans le secteur des systèmes intégrés de l’Internet des objets de l’industrie.